Le secteur du tourisme en Afrique connaît une véritable révolution grâce à l’innovation technologique, un développement accentué par des start-ups prometteuses et l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Le Maroc, en particulier, se positionne comme un leader dans cette dynamique avec des projets novateurs et un soutien actif des institutions comme l’ONU Tourisme.
L’Afrique, avec son potentiel touristique immense, suscite un optimisme grandissant chez les experts du secteur. Aradhana Khowala, consultante internationale, exprime son fort soutien au tourisme africain, soulignant que l’Afrique dispose de la population la plus jeune du monde et de vastes opportunités pour les investisseurs. Le tourisme y représente déjà un moteur important de l’économie, avec près de 24 millions d’emplois créés et un impact direct sur le PIB. Cependant, l’un des défis majeurs reste la faible connectivité aérienne, un obstacle pour le développement rapide du secteur. Une meilleure connectivité, dit-elle, changerait les règles du jeu pour l’Afrique.
L’une des initiatives les plus remarquables dans ce contexte est la création d’un bureau thématique par l’ONU Tourisme dédié à l’innovation en Afrique, dont le budget devrait être approuvé en mai. Ce bureau visera à organiser des ateliers de formation pour le personnel des secteurs public et privé et à promouvoir des pratiques durables. Le Maroc a été choisi comme siège de ce hub, avec l’objectif d’attirer 26 millions de visiteurs d’ici 2030. Ce projet ambitieux s’accompagne de l’édition d’un guide intitulé Tourism Doing Business. Investing in Morocco, destiné à encourager l’investissement touristique dans le pays.
Parmi les acteurs clés de cette révolution figure Badr Lemkhente, un entrepreneur marocain qui a lancé HostifAI, une start-up basée sur l’IA visant à améliorer la communication entre les clients, le personnel et les gestionnaires d’hôtels via WhatsApp. Son projet a déjà attiré de grandes chaînes comme Accor et Sofitel. Lemkhente souhaite maintenant étendre son réseau pour fournir des services locaux aux voyageurs, contribuant ainsi à donner de la visibilité aux acteurs locaux souvent négligés dans le tourisme de masse.
Autre exemple de start-up innovante : Eco-Dôme de Younnes Ouazri. Ce projet de construction d’hébergement en terre locale combine le patrimoine marocain et des technologies modernes pour créer des logements respectueux de l’environnement. L’entreprise prévoit de développer 20 nouveaux projets en vue de la Coupe du Monde 2030, avec l’objectif de générer plus de 1 000 emplois indirects.
Cependant, cette transition vers un tourisme plus technologique et innovant se heurte parfois à des réalités plus traditionnelles. À Marrakech, par exemple, certains hôtels continuent de remettre des cartes en papier aux visiteurs pour les guider dans les labyrinthes de la médina, tandis qu’un Tesla moderne se perd dans les rues étroites de la ville. Cette coexistence de l’ancien et du nouveau est un symbole frappant des défis et des opportunités auxquels le secteur touristique marocain fait face.
L’édition de la Coupe du Monde de football 2030 représente un événement clé pour le Maroc et le continent africain. Cet événement pourrait servir de tremplin pour le développement du secteur touristique, en particulier à travers des initiatives comme celles de Lemkhente et Ouazri. L’Afrique et le Maroc, en particulier, voient en ces compétitions une opportunité de moderniser le secteur tout en mettant en avant la richesse de leur patrimoine.